
Il fallait bien que cela arrive, le troisième confinement est de retour, et avec lui, les restrictions que-hélas !- nous ne connaissons que trop bien…
Pour faire contre mauvaise fortune bon cœur, profitons de ce nouveau mois de confinement pour travailler notre esprit de résilience grâce -entre autres- à la méditation.
Or, il s’avère que depuis le temps où j’écris tous ces articles (presque un an, et celui-ci représente le 40ème !), je n’ai jamais pris la peine de donner une définition ou une caractérisation de ce qu’est la méditation.
La simple requête « qu’est-ce que la méditation ? » tapée sur un moteur de recherche donne un grand nombre de résultats, avec -il faut le dire !- une variétés de réponses des plus intéressantes au plus douteuses.
En effet, plusieurs concepts se mélangent dans cette terminologie. On pourrait certainement distinguer la pensée d’ordre quasi-philosophique (cogitatio), la pensée de sagesse (meditatio), ou encore même la contemplation, aux connotations quasi-religieuses.

Comment s’y retrouver ? Existe-t-il une vraie méditation ?
Je vous propose un petit tour d’horizon ! 😉
La méditation type meditatio
En première lecture, et sous un angle « occidental », si la méditation correspond à un état particulier, alors celui-ci devrait pouvoir se mesurer.
C’est ainsi qu’il est assez fréquent de voir fleurir des articles décrivant la méditation comme étant avant tout un état modifié de la conscience.
J’avais d’ailleurs moi-même écrit quelques articles sur ce sujet, dont un en particulier, où Matthieu Ricard s’était prêté à une série de d’expérimentation pour analyser son cerveau lorsque celui-ci s’installe en méditation. Il était ressorti qu’il avait développé une large présence d’ondes gamma, tout en conservant une excellente connexion entre cerveau droit et cerveau gauche. (ici : https://rel-action.fr/2020/11/11/sommeil-et-meditation/)

Dans ce cadre, et en guise de travail préparatoire, un certain nombre de pratiques permettent d’atteindre cet état : c’est souvent le cas d’exercices associant souffle et mouvement, avec un travail intégrant en général la lenteur ou la régularité du geste. Cela peut aussi être associés à des visualisations voire des respirations particulières. Dans cette « famille », on pourra y trouver la marche afghane, certains kung-fu (le taichi par exemple), ou encore les asanas du yoga.
Du reste, les principes du courant Mindfullness pourront être classés aussi dans cette approche. En effet, la philosophie de la pleine conscience se retrouve traditionnellement danscertaines traditions au travers de satipaṭṭhāna. Elle consiste par exemple à prendre conscience de ses gestes au travers d’un subtil ralentissement de ses actes (marcher, écrire, manger, etc.), pour maintenir une attention légère mais en continu tout au long de la journée.

Toutes ces pratiques constituent ce que j’appelle la meditatio (oui, c’est du latin ! 😉) c’est-à-dire l’art d’appréhender la vie avec un bon état d’esprit, de porter une attention particulière sur le geste juste, motivée par un calme du cœur et une belle attention à ce qui nous entoure.
Du reste, meditatio en latin a pour origine le verbe meditor qui lui-même signifierait à l’origine sagesse. (Sources : http://www.perseus.tufts.edu/hopper/text?doc=Perseus%3Atext%3A1999.04.0059%3Aentry%3Dmeditor)

C’est cela qui m’amène à rapprocher le meditatio de la définition de méditation philosophique proposée sur Wikipedia :
« Selon Xavier Pavie, » fondée sur diverses techniques, la méditation fait partie des célèbres exercices spirituels mis en œuvre par les Anciens dont l’enjeu est l’amélioration et la transformation de soi. Loin d’être le moment d’un recueillement, la méditation dans la philosophie recouvre une pluralité d’activités comme le bilan de soi, la préméditation des maux, etc. Elle se pratique à l’occasion d’un dialogue avec autrui, d’une promenade méditative ou encore d’une certaine pratique de l’écriture » »
Bref, on l’aura compris, même si meditatio est essentiel pour installer la méditation, cet élément reste pour moi une entrée en matière insuffisante si l’on souhaite poursuivre sa voie de recherche personnelle.
La contemplation
Toujours sur wikipedia, la page « méditation » offre une vue extrêmement complète donnant un grand nombre d’exemples dont la majeure partie s’avèrent être des pratiques religieuses ; on la retrouve donc dans les religions bahaïstes, bouddhistes, chrétiennes, hindouistes, jaïnistes, juives, musulmanes, sikh…
Or, souvent, ces exercices présentent plusieurs caractéristiques supplémentaires au type méditatio :
- Elles sont souvent liées à une dimension mystique, voire monastique
- Elles se pratiquent toujours dans une certaine forme d’immobilité
- Elles se pratiquent souvent en silence

Concernant la dimension mystique, si l’on regarde par exemple l’oraison mentale pratiquée chez les moines Chartreux et chez les Carmélites, Wikipedia nous donne la définition suivante :
« L’oraison silencieuse est une prière par laquelle nous nous tenons en relation, dans la foi, avec Dieu grâce à un travail de notre volonté, de notre intelligence ou de notre imagination (méditation) dans une attitude d’attention simple et aimante à Sa présence en nous (contemplation) »
Or, il s’avère que la définition que j’adopte pour la contemplation revêt une grande similarité.
J’aime à dire que la contemplation, c’est lorsque notre état de concentration, de détachement, de lâcher-prise nous permet de percevoir la beauté cachée et l’harmonie de notre monde, pour comprendre la vacuité de notre existence. Cela donne alors une dimension nouvelle à notre être comme devenant « étant » et non plus seulement « être ».
J’ai l’impression que dans les deux cas, on parle bien de présence à soi. 😉

S’agissant de la question de l’immobilité, elle est avant tout externe : ce que l’on cherche à rendre immobile, c’est l’idée de faire quelque chose. Mais cela ne signifie pas forcément ne rien faire !
De fait, se développe l’idée que contempler, c’est intégrer le mouvement dans l’immobilité. Cette idée semble logique : après tout, même assis sur mon coussin, je respire, mes organes fonctionnent, etc. La vie implique le mouvement, même infime. 😉
Mais au-delà de cela, l’immobilité permet surtout d’ouvrir une nouvelle fenêtre sur le monde via l’art d’observer. Contempler, c’est regarder notre monde interne et le monde qui nous entoure comme si l’on regardait une peinture.
Or, cette observation ne saurait être passive ; une grande activité intérieure doit se développer centrée sur l’idée de ne pas faire. C’est ainsi que grandit un état dichotomique constitué d’une densification de notre présence, et de la vacuité de notre existence. La contemplation devient alors vivante, habitée.
Ainsi, on pourrait résumer que même si notre corps est passif, il reste réceptif et attentif, pendant que notre cœur -lui- reste actif.
Dans le cas contraire, j’ai bien peur que l’on s’endorme ! 😊
Agir dans la non-action
Au travers de ce tour d’horizon, on comprend bien que « méditer » prend différente forme, basée essentiellement sur la question de l’action et de la non-action.
Pour revenir à nos vies bien remplies, comment peut-on développer ces méditations ?
De mon point de vue, c’est un travail qui peut aisément s’intégrer dans notre quotidien au travers de quelques aménagements mineurs.
Elle implique par exemple de légèrement ralentir notre mouvement, de ressentir notre respiration, de s’accorder des moments de silence, de prendre plaisir à sentir, écouter, manger, etc.
C’est par ce travail au jour le jour que grandit l’idée de se recentrer sur l’essentiel, en somme, que l’on retire le superflu pour se concentrer sur les choses importantes.

Petit exercice à faire chez soi
J’avais déjà proposé ce travail il y a presque un an, mais confinement oblige, le revoilà au goût du jour, simple et efficace. 😊
Celui-ci consiste tout simplement à s’installer confortablement à la fenêtre, et regardez le monde extérieur en prenant conscience que vous observez : « Je contemple l’extérieur » pourriez-vous vous dire. L’idée est de ne pas juger, ou d’avoir un avis sur la situation.
Lors de cette observation, prenez conscience de votre respiration, sentez votre corps se détendre ; vous pouvez éventuellement fixer un élément du décor, un nuage par exemple.
Vous laissez faire.
Je vous recommande chaudement d’effectuer cet exercice le matin avant de commencer votre journée, idéalement juste avant votre petit déjeuner. Trois minutes peuvent suffire.

Il est intéressant de pratiquer ce « réalignement » pendant plusieurs jours de suite : cette non-action donne des résultats intéressants sur l’efficacité et notre capacité à prendre du recul tout au long de la journée.
Conclusion
La méditation est plurielle, et revêt plusieurs formes en fonction de ce que l’on cherche pour soi.
Cette diversité permet entre autres d’adapter sa pratique en fonction de son activité, ou du moment de la journée.
Comme on a pu le voir dans d’autres articles, le cœur de cette pratique se situe dans une certaine volonté ; celle en particulier de prendre du recul, d’adopter le bon état d’esprit pour retrouver son alignement, sa respiration et sa sérénité. Cela forme une base solide pour cheminer vers la tranquillité du cœur et de l’esprit !

En attendant, portez-vous bien et n’oubliez pas de respirer !