Réalité virtuelle et EHPAD

Au travers de mes recherches personnelles sur les passerelles entre les relations intergénérationnelles et le besoin de lâcher-prise, de travail sur la posture, ou encore d’éthique (bref, l’essence de Rel Action), j’ai eu l’occasion d’échanger avec plusieurs personnes de valeurs qui m’ont donné des clés dans ma compréhension du 3^ème et 4^ème âge.

Je salue en particulier Amélie Weiss, psychologue gériatre basée en Alsace, ainsi que l’équipe de l’observatoire du mieux vieillir (entre autres Caroline Dallinges et Pierre Agullo) pour leur écoute, leur patience, et leur dynamisme !

Or, au travers de ces échanges, j’ai plusieurs fois vu passer la question de la réalité virtuelle comme outil de stimulation pour les personnes âgées.

Ici sur LinkedIn : https://www.linkedin.com/posts/ehpadlevillagerichwiller_ehpad-hautrhin-realitevirtuelle-activity-6687370342178033664-JY-O

Ici sur FranceInfo : https://www.francetvinfo.fr/societe/prise-en-charge-des-personnes-agees/ehpad-les-casques-de-realite-virtuelle-au-service-des-personnes-agees_3470615.html

Ou encore ici sur France 3 Occitanie :

Finalités de la réalité virtuelle ?

Ce qui m’a étonné dans la lecture de bons nombres d’articles, c’est la pluralité des objectifs et des finalités.

On lira pour l’un qu’il s’agit de créer du lien avec les jeunes générations, afin de « rester à la page ».

On lira pour l’autre que plonger les personnes âgées dans un mondes virtuel leur offre un instant de respiration salvateur qui les libère de leurs angoisses.

Il est précisé que ces lunettes de réalité virtuelle offrent une immersion dans des univers complètement différents, et cela forme des outils pour s’évader. Une banque de vidéos ou d’images permet une forme d’adaptation pour chaque personne.

Mais en définitive, ce qui -pour moi- ressort surtout de ces tests grandeur nature, c’est que ces outils ont permis aux participants de se recentrer sur soi-même.

Cela a aussi offert aux personnels soignants la possibilité de prendre du temps de qualité avec les seniors, un temps de partage où bon nombre de souvenirs ont pu remonter avec beaucoup de joie pour certains.

Or, malgré l’aspect extrêmement positif de ces témoignages, j’ai été probablement un peu plus chagriné lorsque j’ai entendu un certain nombre de soignants, ou encore de promoteurs de ce système souhaiter ardemment que de tels objets deviennent des outils thérapeutiques.

Se recentrer, créer du lien, soulager la solitude

Car ce que j’ai personnellement constaté, c’est que la souffrance principale des seniors est avant tout lié à un manque d’attention à leur égard.

Il serait malhonnête d’incriminer les institutions, car les causes sont multiples et extrêmement détaillées par bon nombre de rapports réalisés après la canicule de 2003.

On pourrait citer le cloisonnement du 3^ème et 4^ème âges, le manque de moyens et de temps humain, le peu de temps alloué par nous-même à l’égard de ces personnes, etc.

Je salue malgré tout le dévouement du personnel de ces établissements qui -bien souvent- propose des animations pour leur pensionnaires avec beaucoup d’imagination.

Comme souvent, l’apport de la technologie représente une corde supplémentaire à notre arc ; mais cela ne devrait pas nous faire oublier la nécessité de conserver une part « organique » à ces outils.

Il était frappant de voir les témoignages de certaines personnes ; l’une d’entre elle ayant utilisé le casque à réalité virtuelle a même dit : « J’avais l’impression de sentir les odeurs de fleurs ! »

(ici : https://t.co/enEjXSw2MG/)

D’autres revivent des souvenirs lointains qu’elles ont à cœur de partager avec leur famille, leur proches…

Ces effets sont précieux ! Car ils fournissent un substrat sur lequel les seniors peuvent s’appuyer.

La méditation permet dans un deuxième temps de faire remonter des émotions et des idées à la surface, et donc de capitaliser sur cette onde positive initiée par la technologie.

De tels outils, à défaut de pouvoir se déplacer directement sur les lieux, offrent -je pense- une bonne alternative à la nécessité de « changer d’air ».

Prendre part à ces tranches de vie, apporter de la fraîcheur avec des outils numériques, faire revivre certains moments, tout ceci participe à l’élaboration d’un recentrage de soi et de la mise en place d’une éthique personnelle.

Le bonheur n’est jamais loin

Nombre de philosophes se sont penchés sur la question du calme du cœur, mais je garde un faible pour les principes proposés par Spinoza. Par bien des aspects, je trouve que celui-ci propose une passerelle entre pensées orientales et occidentales.

Mais ce qui l’anime surtout, c’est comment se forger une éthique pour installer durablement un calme du cœur, une quiétude de l’esprit, et ce, malgré l’avancé inexorable du temps.

Loin de moi l’idée de vous relater toute l’œuvre de cet immense philosophe, mais je crois qu’il est des fois bon de simplement se rappeler que se forger son propre bonheur passe par s’aligner avec soi-même, par accepter ce que l’on est, et par profiter de tous les moments plaisants que nous offre la vie.

Cette responsabilité nous incombe à tous, mais je crois qu’il est de notre responsabilité d’accompagner les seniors sur cette voie qui a -des fois- tendance à s’effacer suite aux aléas de la vie.

La technologie pourra-t-elle apporter un soutien pour (re)nouer les liens ? Il faut y croire !

En attendant portez-vous bien, et n’oubliez pas de respirer !